C'est bien là !...

Jetsün-Kabum Milarepa

Trancriptions versifiées(*) d'après la traductions du tibétain du Lama Kazi Dawa-Samdup et le texte français en prose de Roland Ryser aux éditions Maisonneuve)

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Le rêve de Milarepa (pages 192 et 193)

Dans les vastes régions du continent nord,
Je rêvai qu'il y avait là une immense montagne,
Dont le sommet atteignait le ciel.
Autour de cette cime, se mouvait le soleil et la lune,
Leurs rayons illuminaient les cieux au-dessus.
La base de la montagne couvrait la terre ;
De quatre côtés coulaient quatre fleuves intarissables,
Calmant la soif de tous les êtres.
Leurs eaux s'écoulaient dans un profond océan,
Et sur les rives s'épanouissaient des fleurs.
Telle est la figuration de mon rêve
Que je raconte à mon Guru, l'éternel Bouddha'.

A l'est de cette glorieuse montagne,
Se dressait un haut pilier,
Sur le sommet de la colonne, un lion rampait ;
Sa crinière était luxuriante,
Ses quatre pattes, griffes étalées, labouraient le flanc de la [montagne,
Ses yeux levés regardaient les cieux.
Le lion errait libre à travers les monts.
A mon Guru, l'éternel Bouddha, je raconte ce rêve.

Au sud [de la montagne] s'élevait un haut pilier
Sur le sommet rugissait une puissante tigresse
Les raies de la tigresse étaient superbes,
celles du milieu étaient triples et bien marquées,
Ses quatre pattes marquaient profondément la jungle
Ses Yeux levés regardaient les cieux.
La tigresse errait libre à travers Ia jungle
Et passait à travers forêts et plaines.
A mon Guru, l'éternel Bouddha je raconte ce réve

I - La vision

*****

Dans les régions du Nord, où l'immensité règne,
Je rêvais qu'il était une vaste montagne
Dont le sommet neigeux, montait, touchait le ciel.
Tout autour de la cime, tournaient lune et soleil
Dont les puissants rayons illuminaient les cieux.
La base de ce mont couvrait ainsi les lieux
D'où, sur quatre côtés, coulaient intarissables
Quatre fleuves étanchant la soif de nos semblables.
Leurs eaux se déversaient dans la mer éblouie
Arrosant sur leurs rives les fleurs épanouies...
Tel figurait son rêve, Jetsün Milarepa
A son guru sur terre, à l'éternel Bouddha !

Dressé à l'Orient, puissant et glorieux,
Un pilier s'élevait : D'où un lion rampant,
Quatre pattes étalées, en labouraient les flancs
Ses yeux étaient levés et regardaient les cieux
Car le lion était libre et traversait les monts
Tel racontait son rêve, Jetsün Milarepa
A son guru mortel, à l'éternel Bouddha !

Rugissante au sommet d'un pic méridional,
Une tigresse errait, superbe et sans rivale
Ses raies étaient marquées, triples et noir d'ébène,
Et de ses quatre pattes, enfoncées dans la jungle,
Labourait puissamment les forêts et les plaines.
Tel figurait son rêve, Jetsün Milarepa
A son guru sur terre, à l'éternel Bouddha !

A ]'ouest [de la montagne], s'élevait un haut pilier
Sur son sommet, un aigle prenait son essor ;
Les ailes de l'aigle étaient largement étalées
Et ses serres perçaient l'espace,
Ses yeux regardaient fixement lu cieux ;
Puis il s'envola haut dans l'azur.
A mon Guru, l'éternel Bouddha, je raconte mon rêve

Jetsün-Kabum Milarepa

Bronze et cuivre en provenance du
"Lhasa Art Palace" de Leh (Ladakh)

(Photo DV)

Au nord [de la montagne], se trouvait aussi un haut pilier
Au-dessus plânait un vautour audacieux ;
Les ailes du rapace s'étalaient largement,
Son nid se trouvait haut perché sur un roc,
Je vis qu'il abritait un petit couvert de plumes,
Et que les cieux étaient remplis de plus petits oiseaux
Le vautour tournait ses yeux vers les cieux,
Puis il s'envola vers les hautes régions.
A mon Guru, l'éternel Bouddha, je raconte mon réve.

*****

Sur un autre pilier, dressé à l'Occident,
Un aigle en son essor, serrait, perçait l'espace.
Les yeux fixés au ciel, étalant largement
Les ailes, il s'éleva, haut dans l'Azur, qu'il enlace.
Tel racontait son rêve, Jetsün Milarepa
A son guru mortel, à l'éternel Bouddha !

Et au Septentrion, planait audacieux,
Un vautour au-dessus d'un roc majestueux.
Ses ailes de rapace étalées largement,
Je vis qu'il abritait, dans les escarpements,
Un petit dans son nid, couvert de plumes. En haut
Les cieux étaient remplis de plus petits oiseaux.
Alors tournant les yeux, vers eux, il s'éleva
Vers les hautes régions du rêve et du Bouddha
Tel figurait son rêve, Jetsün Milarepa
A son guru sur terre, à l'éternel Bouddha !

(En avion, entre Paris et Delhi, 2 août 2003)

*****

(*) L'auteur a cru devoir, ici, dans ce poème et le suivant, exprimer le son, la résonance interne et le rythme qu'il perçoit dans ces évocations, tout en restant farouchement attaché aux termes littéraux sur lesquels insistent les traductions (p. 192-193) et à l'interprétation donnée à Milarepa par son guru (p. 195 à 197 éditées aux éditions Maisonneuve). A défaut de connaître le Tibétain, voici ce qu'il entend...

*****

II - Méditation dans la solitude

*****

Traduction française
de Roland Ryser aux éditions Adrien Maisonneuve

(pages 252; et 253)

Ma joie ignorée de mes parents,Ma douleur ignorée de mes ennemis
Si je meurs ainsi parmi cette solitude,
Heureux, serais-je, moi le mystique.

Ma mort ignorée de tout être humain,
Mon corps pourri ignoré des oiseaux
Si je meurs ainsi, parmi cette solitude,
Heureux serais-je, moi le mystique.

Ma chair putréfiée sucée par les mouches,
Mes muscles dissous mangé par les vers,
Si je meurs ainsi, parmi cette solitude,
Heureux serais-je, moi le mystique.

Sans aucune empreinte d'homme devant ma porte,
Sans trace de sang dans la Caverne
Si je meurs ainsi, parmi cette solitude..
Heureux serais-je, moi le mystique.

Sans personne pour s'assembler autour de mon corps,
Sans personne pour pleurer ma mort -
Si je meurs ainsi, parmi cette solitude,
Heureux serais-je, moi le mystique.

Sans personne pour demander où je suis allé,
Et sans endroit que quelqu'un pourrait désigner
Si je meurs ainsi, parmi cette solitude,
Heureux serais-je, moi le mystique.

Que cette prière, sur la manière de ma mort
Parmi cette solitude déserte,
Porte ses fruits et soit exaucée comme je le désire,
Pour le bien de tous les êtres,
Alors je mourrai satisfait, moi le mystique".

Ma joie est ignorée et j'ai fui mes parents
Ma douleur est voilée, même aux yeux des méchants,
Et si je meurs ainsi dans cette plénitude,
Heureux serais-je, moi, mystique et solitude !

Ma mort est oubliée, je ne suis qu'un roseau,
Et mon corps est pourri, ignoré des oiseaux.
Et si je meurs ainsi dans cette plénitude,
Heureux serais-je, enfin, mystique et solitude !

Ma chair est putréfiée et sucée par les mouches,
Mes muscles sont dissous et rongés sur ma couche
Et si je meurs ainsi dans cette plénitude,
Heureux serais-je, moi, mystique et solitude !

Aucune empreinte d'homme, à ma porte, ou de cairn,
Ni de trace de sang ne marque ma Caverne.
Et si je meurs ainsi dans cette plénitude,
Heureux serais-je, enfin, mystique et solitude !

Nul ne viendra jamais pour apprêter mon corps,
Nul ne viendra jamais, veiller, pleurer ma mort.
Et si je meurs ainsi dans cette plénitude,
Heureux serais-je, moi, mystique et solitude !

Nul ne demandera où je m'en suis allé,
Nul ne pourra marquer l'endroit où je vivais.
Et si je meurs ainsi dans cette plénitude,
Heureux serais-je, enfin, mystique et solitude !

Et que cette prière, illuminant ma mort,
Dans ce désert aride et cette plénitude
Porte ses fruits et soit exaucée, je l'implore !
Car heureux je mourrai, mystique et solitude.

(En avion, entre Paris et Delhi, 2 août 2003)

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